Amusé par la remarque de Matt - pourtant, il n'avait pas eu l'impression que sa petite sœur était si invivable que ça, mais peut-être était-ce du au fait que, n'en ayant jamais eu, il ne savait pas trop quoi en attendre - cela n'enmpêcha pas le letton de lui glisser une petit pique qui, si elle n'avait pas pour intention d'être blessante, était tout de même largement représentative de la jalousie qui étreignait régulièrement le cœur de Curare.
Depuis quand c'est moi qui joue sur les deux bords ?
Il modula ses paroles par un petit clin d’œil. Il ne voulait pas le vexer ; et après tout, il n'avait pas le droit de lui reprocher quoi que ce soit. Pas après les récents événements, ou son homosexualité exclusive n'avait pas réussi à le garder sur le droit chemin plus que ça.
Vint le moment de la danse. En levant les yeux d'un faux air exaspéré vers le plafond, le tatoué ne se démonta pas, et attrapa la main de Matt pour le rapprocher de lui. Il se colla à son homme, bien plus près que ce n'était pas nécessaire, mais il avait une vraie fausse excuse pour se tenir si près. L'art du slow n'était pas bien compliqué ; l'art de la danse de salon tout court ne l'était pas plus pour le letton. Sa mère avait toujours été bonne danseuse, et lui avait toujours raconté que son mari, mort à la guerre, avait l'habitude de la faire danser régulièrement. Bien qu'il n'ait jamais connu cet homme dont il avait pourtant pris le nom, Curare s'était appliqué à faire plaisir à sa mère et à la faire danser régulièrement, ajoutant la danse à ses
nombreuses qualités.
Il posa nonchalamment ses mains sur le corps de son futur mari, brisant tous les tabous et prenant un malin plaisir à en déposer une dans le bas de son dos, là où il savait que l'Australien se laissait facilement avoir par ses caresses. Il se hissa vers l'oreille de son compagnon pour lui murmurer, d'un air de connivence "
Il va bien falloir t'entraîner si tu veux un jour un mariage digne de ce nom. Et il était sérieux. Cliché ou pas cliché, ils danseraient ensembles. De plus, ce n'étaient certainement pas quelques slows dans l'intimité de leur chambre qui allaient déplaire au très amoureux letton.
La chanson toucha bientôt à sa fin, bien trop vite au goût de Curare. Mais celui conclut les dernières notes avec un baiser brûlant, qui montrait bien à quel point cette activité pour le moins originale lui avait plu. Et ce, quelle que soit la modestie des talents de Matt ; le letton avait nettement assez d'expérience pour parvenir à les guider tous les deux.
Il ne se retint pas davantage, et souleva son homme pour le ramener jusque dans la chambre, sans lâcher ses lèvres une seule seconde. Il déposa son fiancé sur le lit et se plaça naturellement à quatre pattes au-dessus de lui, continuant pendant encore quelques instants ses embrassades et ses caresses délicates sur les joues piquantes de l'Australien.
Mais son ton et son visage redevinrent graves lorsqu'une pensée l'habita. Cessant ses démonstrations d'affection, le doute ayant à présent remplacé la passion sur son visage, le letton hésita avant de se lancer.
Matt... C'est particulièrement égoïste de te demander ça mais... Je vais avoir besoin d'aide. De ton
aide. Pour réussir à te garder tout en... gérant le reste. Mon frère. Ma mère, qui risque d'être au moins aussi troublée que moi par son retour.
Il se baissa légèrement, jusqu'à ce que leurs nez s'effleurent et qu'il ait ses yeux rivés dans les siens. Avec toute la franchise du monde, il finit par en conclure.
Mais ça n'enlève rien au fait que je veux passer ma vie avec toi, t'épouser, et élever nos enfants. C'est juste que... Je vais devoir apprendre comment faire, je n'ai pas l'habitude d'être un bourreau des cœurs, moi.
Un petit peu d'humour pour tenter de détendre l'atmosphère. Même s'il n'était pas certain que cela suffirait...