Le letton se releva de bonne grâce, essuyant de sa main libre les dernières larmes qui souillaient ses joues. Il attrapa ses vêtements au vol mais ne mit pas autant d'empressement que son homme pour les renfiler. Résultat des courses, il se retrouva à devoir le suivre sans avoir remis son Tee-Shirt, traversant la cour de l'académie - heureusement déserte - avec ses deux principaux tatouages à la vue de tous.
Voyant Matt s'arrêter devant la porte du garage, le letton en profita pour finalement remettre son dernier vêtement, ne tressaillant même pas lorsque la moto qu'il détestait tant apparut devant ses yeux. Même s'il était plus qu'inquiet à l'idée que peut-être son homme allait lui demander de l'accompagner. Plus qu'inquiet, ça voulait juste dire que l'intégralité de ses tripes venaient de faire un nœud, le laissant clairement nauséeux. Il n'était vraiment pas du même monde que son virulent Australien, sur ce point-là.

Alors, quand Matt lui expliqua son envie, le tatoué ne put retenir un lourd soupir de soulagement. Il se reprit rapidement, comprenant que cette proposition, outre le fait qu'elle le sauvait d'un probable arrêt cardiaque, éloignait son homme de lui. Son homme qui avait besoin d'air, et qui lui demandait, plus ou moins clairement, de le laisser seul.
Le tatoué encaissa le coup et tenta de se recomposer un visage avenant, gommant la grimace qui était venu l'habiter quelques instants. Il avala sa salive et hocha la tête, à moitié d'accord avec cette fausse bonne idée, mais clairement pas en position de négocier.

Dans une heure alors ?

Il tiendrait le coup - il le faudrait bien de toutes façons - et pour montrer son complet assentiment, il embrassa délicatement son compagnon sur la joue, évitant les lèvres pourtant très tentantes qui étaient tendues vers lui. Il désigna du menton la moto, invitant son homme à ne pas se gêner pour le quitter. Accoudé à la porte ouverte du garage, il en profita sans aucune honte pour observer son amant qui enfourchait son engin de malheur, et s’ébouriffait les cheveux avant d'enfiler son casque. L'air de Curare était insondable, et ses prunelles grises semblaient impénétrables tant il ne savait pas lui-même ce qu'il ressentait.

Alors, avec un silence et un discret sourire, il écouta la moto pétarader et son homme s'éloigner de lui. Il n'avait plus qu'à espérer que ce geste n'avait rien de définitif...