Oh que si, Curare imaginait très bien ce qu'il pouvait bien se passer dans le corps de Matt. Et dans sa tête. Il était certainement en train d'expérimenter exactement la même chose. Après tout, ils étaient des hommes tous les deux. Et ils partageaient bien plus en commun, à commencer par leur amour l'un pour l'autre, qui déréglait l'intégralité de leurs fonctions vitales. A commencer par leurs hormones, qui dansaient la salsa. Par leur cœur, qui pompait tellement vite et tellement fort qu'il menaçait à chaque instant de s'enrayer. Par leur sang, qui courrait tellement rapidement dans leurs veines qu'ils avaient l'impression que leurs globules rouges faisaient du rallye.
Ils étaient sérieusement atteints. Mais comme ils étaient deux, c'était déjà nettement moins flagrant. Ou juste nettement plus pardonnable. Car il aurait quand même être sourd et aveugle pour ne pas se rendre compte de l'amour que ces deux-là pouvaient se porter.
Matt grimpa sur le tatoué, qui retint à grand-peine un sourire ravi. Désireux de respecter le choix de son homme de rester tendre, le tatoué accepta de rester sur sa faim. Délicatement, il laissa son compagnon re-découvrir ses lèvres. Il s'imprégna quand à lui de la douceur de ses dernières. Il le laissa lui voler son souffle, et lorsque l'Australien décida de lui-même de rompre le baiser et de se redresser, le tatoué n'eut d'autre choix que d'afficher un grand sourire béat. Il était heureux. Indéniablement heureux.
Sans perdre davantage de temps, il attrapa les hanches de son compagnon pour le forcer à se baisser à nouveau. Plongeant la tête dans son cou, Curare enlaça fermement son
mari. Les yeux fermés, immobile, il grava une fois de plus l'odeur de son amant dans sa mémoire. Ce savant mélange de fumée de cigarette, de menthol chimique, et de ce parfum si caractéristique qui semblait émaner naturellement de sa peau.
J'ai cru te perdre.
Lui qui n'avait pas voulu le dire à haute voix, c'était loupé. Mais tant pis ; après tout, ils étaient censés ne rien se cacher, n'est-ce pas ? Alors il ne lui cachait rien. Et il mettait des mots sur cette peur panique qui l'avait poussé à s'enfuir aujourd'hui. A pleurer ce main. Et à lever la voix sur son compagnon, lui pourtant incapable de la moindre violence. L'amour le changeait décidément. Et pas tout le temps en bien, malheureusement... La jalousie dont il faisait déjà preuve envers sa simple famille était décuplée à l'égard de Matt. Matt qui en faisait ensuite les frais.
Mais, refusant de se laisser aller à de telles pensées noires, Curare se mit à bouger pour arrêter de réfléchir trop intensément. Inversant les rôles, il fit rouler son compagnon pour le placer sur le dos, et lui il resta collé au-dessus de lui. Matt au-dessous, ils avaient à nouveau changé. En temps normal, c'était plutôt l'inverse, le tatoué n'aimant rien de plus que laisser son
formidable merveilleux fantastique très talentueux amant gérer la situation lorsque tout devenait plus... dénudé.
Délaissant une fois de plus la bouche, il se redressa quelque peu pour s'attaquer au cou. A la clavicule, qu'il dénuda légèrement en poussant nonchalamment le Tee-Shirt d'un petit coup de nez. Il n'était plus trop sûr de ce qu'il avait le droit ou pas de faire, alors il s'attarda assez peu de ce côté-là. Certes, un suçon bien marqué aurait été du meilleur effet. Mais il avait peur que Matt ne prenne mal cet excès de jalousie. Quoique l'idée de
marquer son territoire sonnait assez bien aux oreilles du letton.
Alors, un sourire presque innocent collé aux lèvres, le letton descendit plus bas. S'aventurant là où le Tee-Shirt faisait place à la ceinture du jean, il embrassa toujours aussi délicatement cette zone indécente. La barrière du tissu ne fut très vite qu'un vague souvenir, et Curare se délecta un instant de la chaleur qui émanait de cette partie du corps de son homme. Juste un instant.
Car, comme s'il avait repris ses esprits après une erreur monumentale, il se redressa, arrêta tous ses baisers et s'éloigna de son homme comme si un insecte l'avait piqué. Le regard illuminé à la fois par le rire et par ce désir qu'il ne pouvait plus cacher - encore moins en étant vêtu d'un simple boxer - il ne quitta pas un seul instant son compagnon des yeux. Curieux de voir comment ce dernier pouvait bien réagir à ce chaud/froid qu'il lui imposait depuis ce matin...