Il n'était plus que l'ombre de lui même. Déambulant sans but dans les couloirs de l'académie. Il avait replongé. Le drogue, le monde de la nuit. Tout était redevenu exactement comme avant. Les bonnes résolutions s'étaient envolés et si il continuait à se lever le matin c'était uniquement pour tenir compagnie à sa petite jument qui faisait des progrès énormes de jours en jour malgré sa grand inexpérience dans le monde du classique.

La lèvre fendue sur le coin, les phalanges explosées, les mitaines usées. Il marchait sans vraiment savoir où aller. Une cigarette éteinte au coin des lèvres. Il avait explosé son dernier briquet et n'avait plus qu'à attendre le retour de Teddy pour se remettre à fumer. Il passa devant le complexe sportif qui lui fit soudain de l'oeil. La drogue avait pour effet de faire fondre les muscles et de creuser un peu plus les cernes qui courraient sous ses yeux. La musculature était encore bien présente mais ne tarderait pas à s'éclipser si il continuait ainsi à se laisser aller de la sorte. Il poussa la porte et entra, la retenant tranquillement. Il ne tenait pas à attirer l'attention sur lui. L'emprise des stupéfiants n'avaient pas eu de réel effet sur lui aujourd'hui. Il se dirigea vers un sac de frappe, le meilleur moyen d'extérioriser tout ce qu'il ressentais. Couvrant ses mains d'épaisses bandes rugueuses. Il se mit à frapper de toute ses forces. Il n'avait pas vraiment de technique mais tout cela avait au moins le mérite de lui vider la tête. Ses mains rencontrait le sac si lourd, faisant vibrer les chaînes métallique qui le retenait au plafond. Il tourna autour du sac se décallant pour décrocher un crochet du droit. Alors que le sac sortait de son champs de vision, il crut rêver en apercevant la personne qui se trouvait non loin de là. Il rattrapas in extremis le sac qui manqua de lui revenir dessus.

Il s'approcha un peu pour être sure. Il hésita même à se pincer. Mais rien n'y aurait fait. Devant lui c'était bien la petite brune. Un pincement au coeur. Il repensa à la façon dont il l'avait lâchement laissé en plan quand elle lui avait demandé de préciser ses sentiments. Il était un monstre.. Un monstre dépourvu de sentiments. Un monstre d’égoïsme. Il ne savait plus tellement depuis combien de temps elle était partie. Il s'était surpris à la chercher des yeux quelques fois, lorsqu'il allumait une cigarette il s'attendait à ce qu'elle lui arrache du coin des lèvres. Il détacha celle qu'il avait gardé entre ses lèvres pour la ranger dans sa poche. Il hésita. Elle ne semblait pas l'avoir vu. Il aurait aussi bien pu s'éclipser discrètement.. Mais pourquoi ? Pour l'éviter toute sa vie ? Pour fuir devant quelqu'un. Les sentiments étaient des ennemis. Mais fuir devant l'ennemi c'était lâche. Il avait été lâche. Il l'avait perdu de vue sans chercher à la recontacter.

Il chassa toutes ses idées de sa tête. Et sans trop réfléchir, il l'interpella :
- Heather ? C'est toi ?

Il la vit s'approcher les yeux brillants, comme elle les avait toujours eu. Elle était tout son contraire, timide, sensible. Il ne pouvait prédire aucune reaction. Physiquement, il avait quelque peu changé mais seulement assez pour qu'une forte connaissance le remarque. Il était l'ombre de son propre corps. Elle s'approchait dangereusement. Quand soudain, l'air siffla et il sentit sa main s'écraser sur sa joue. Il accusa la coup, il l'avait amplement mérité. Elle recula pour se trouver hors de portée avant de s'effondrer sous ses yeux. Il ne parvenait pas a comprendre pourquoi ces pleurs à elle le touchait autant alors qu'il en avait abandonné bien plus d'une dans cet état pour se retourner. Sa joue le brûlait, voilà deux fois qu'on lui infligeait physiquement l'immensité de sa connerie.

Il reposa ses yeux sur elle portant sa main a sa joue un instant :
- Je t'offre celle la en accusant l'émotion. Mais ne t'avises pas de recommencer.

Il n'était surement personne pour lui donner d'ordre, et puis il n'avait aucune menace a mettre en execution si elle décidait de lui en coller une deuxième. Il souffla simplement. Il aurait parfois préféré être ce gentil bougre dans les films, qui aurait relevé la demoiselle en pleur avant de lui remonter le moral. Il aurait voulu pour une fois être celui qui séchait les larmes. Mais il savait pertinnement que tout ce qu'il dirait ne servirait qu'à créer de nouvelles plaies. Il la savait trop fière pour accepter de l'aide. Cependant, presque respectueusement, il se baissa doucement jusqu'à s'accroupir a une distance raisonnable.

Il la laissa reprendre ses esprits encore un instant, ne cherchant pas le contact avec elle. Il lança d'une voix qu'il tenta douce mais qui ne trompait personne sur ses sentiments qui avait du mal à s'exprimer. En soit il n'était qu'une faible personne entourée d'une armure couverte d’épines. Le protégeant et blessant toute personne autour de lui sans lui causer le moindre dommage. Et pourtant l'amure était ébréchée et il s'en échappait l'esprit brisé. Il ne laissait pourtant entrevoir cette brèche à personne, préférant s'éloigner de ceux qui était trop près de le découvrir. Et c'est ce qu'il tenta d'exprimer :
- Si c'est pour un type tel que moi, que tu te met dans tout tes états, relève toi, je n'en vaut pas la peine. Sinon explique moi.

Il avait véritablement du mal à comprendre, comment quelqu'un pouvait se mettre dans des états pareils pour quelqu'un comme lui ? Il n'était pas fréquentable, il avait un passé aussi chargé que son casier judiciaire et son avenir ne semblait pas vraiment plus radieux. Les démons qui l'habitait semblait simplement avoir repris le contrôle sur lui à tel point qu'il avait l'impression d'en être lui même redevenu un.
Elle avait raison, il était un sombre imbécile, et on ne devait pas pleurer pour un sombre imbécile dans son genre.
Les sanglots cessèrent peu à peu alors que la voix étouffée de la brune lui adressait une question à laquelle il n'avait pas de réelle réponse. Il chercha un instant une réponse valable, mais il n'en avait simplement pas. Ses pensées vinrent un instant sur l'image de son téléphone qui avait lui aussi explosé contre un mur il y a un mois de cela, suite à un nouvel excès de colère. Mais ce n'était pas une excuse et il en était conscient et aussi loin qu'il se souvienne, il ne s'était jamais vraiment excusé :
- J'ai .. cassé mon téléphone.. Et. En fait j'en sais rien. J'ai pas l'habitude de m'attacher c'est tout, j'ai aucune excuse.

Si il était un abruti fini, il avait au le moins le mérite d'être franc. Il se redressa un peu et repris dans un soupir :
- Mais bien sur je t'ai cherché un moment avant de me résoudre de ton départ. Et puis la plupart du temps, personne n'a réellement envie de me revoir, je pensais que c'était la même chose pour toi.

Il avait raison, personne n'aimait le revoir, et c'était bien mieux ainsi. Pas d'attachement, pas de souffrance. Il ne pouvait pas dire qu'il avait souffert de l'absence de cette dernière puisque tout était désormais trop abstrait pour lui. Elle avait été un facteur de sa rechute, mais il ne pouvait décemment pas lui coller ça sur le dos. Sa vie ne semblait pas lui appartenir réellement, il était acteur, sujet passif et les seules décisions qu'il avait pu prendre avaient souvent été les mauvaises, il ne savait donc plus vraiment comment réagir face à elle.

Ses paroles ne firent que confirmer ses pensées, il était ridicule et rien n'était valable. Le léger rire de celle ci détendit un peu l'atmosphère lourd entre eux. Et pourtant rien qu'en parlant il vit ses yeux briller de nouveau et tout cela ne faisait que confirmer l'hypothèse qu'il faisait du mal aux autres. Elle semblait pourtant presque heureuse de le retrouver. Ce stade ? Il avait mal au crâne, il avait du mal à réfléchir. Effectivement elle n'était pas comme lui, elle ne s'enfuyait pas ua milieu de la nuit en laissant une personne esseulée dans la nuit. Il ne savait pas vraiment où elle était ces derniers mois. Mais rien que les occupations chargées de ses nuits lui prouvait à lui même qu'il n’était pas nue personne fréquentable. Blonde, brune, rousse, et bien d'autres encore, même la copine de l'As de pique, il était incorrigible. En soit, c'était l'une des nombreuses raisons pour lesquels il ne voulait pas s'attacher à quelqu'un ou blesser une personne qui lui était si proche. Il n'avait pas les idées claires et il ne savait pas réellement ce qu'il voulait. Elle semblait si différente, et la preuve la plus évidente était simple, était qu'il ne s'était rien passé de physique entre eux depuis qu'il se connaissait et cela faisait bien des années que ce n'était pas arrivé.

Elle se leva péniblement et s'approcha de lui qui se releva à nouveau, la main de la frêle brune posée sur son bras. Il avait raison, il avait besoin d'aide mais il ne l'admettrai jamais à haute voix, il hésita à lui rappeler qu'elle n'avait jamais accepté son aide, mais il savait qu'en faisant ça il la ferai encore fuir. Il ne trouvait rien à répondre. Il se contenta de répondre avec le plus de tact possible :
- C'est gentil, mais dans ce combat, je suis seul.

Ce combat, il l'avait déjà mené des années plus tôt et il l'avait terminé en prison. Il espérait simplement une fin plus heureuse cette fois ci. Il enchaîna pour qu'elle n'ai pas le temps de se braquer :
- Écoutes, que dirais-tu qu'on aille s'asseoir et qu'on mette deux trois choses aux clairs. Et pour une fois j'essaierai de ne pas me comporter comme un sombre abruti.

Il l'écouta parler mais ne répondit pas, il ne voulait pas qu'elle l'accompagne sur ce chemin dangereux dans lequel il s'était fourré. Mais même si il avait pu voulu lui cacher, son apparence et les cicatrices aux creux de son bras masqués en grande partie par ses tatouages en disait long sur le point où il était arrivé. Tout cela lui avait oté ses tourments lors des premières semaines, divaguant dans un autre monde, il avait pu se concentrer enfin sur lui dans un merveilleux instant de répit, comme une coupure avec le monde et avec ses vieux démons. Mais plus le temps avançait plus la dureté de ce qu'il consommait le détruisait jusqu'à laisser les choses devenir bien pire.  

Elle retrouva le sourire, au moins, il aurait réussi quelque chose aujourd'hui. Il s'avança vers les tapis, prit une bonne impulsion et se hissa à la force des bras pour s'asseoir à côté d'elle. Tranquillement, il déroula les bandes rugueuses qu'il avait placé au creux de ses doigts avant de rapidement enfiler les mitaines qu'il ne quittait jamais et qui masquait ses jointures éclatées.
Il balaya la salle du regard, il n'y avait personne. Il avait bien trop parlé, il voulait entendre un peu sa voix avant de tenter de remettre de l'ordre dans sa tête :
- Finalement, tu étais où pendant tout ce temps ?

Une opération ? Il regarda la jambe bien trop maigre pour être réelle en face de ses yeux et traversée dune immense cicatrice. Elle mentait, ce n'était pas le muscle qu'il manquait mais bien la graisse qui allait avec. Il répondit simplement :
- Ce n'était pas trop grave Oh hé, conseil de sportif, pour prendre du muscle, il faut manger. Et des protéines de préférence.

Légère insinuations masquée par un véritable conseil, posé sur une voix évasive et toujours dénuée d'émotions comme il savait si bien le faire. Il l'écouta lui demander comment il en était arrivé là. Elle se livrait à sa manière, et il peinait à assumer tout cela. Mais il était .. heureux ? qu'elle lui fasse confiance. Il ne savait même plus. Il avait simplement ressorti les boites planquées partout dans sa chambre. La première fois, il s'évadait après une dure journée, les dix suivantes, il s'amusait, il planait, il se détendait. Puis les jours passants, c'était l'addiction qui grandissait de plus en plus.

Il soupira, il n'avait pas vraiment le choix que de répondre. Il préféra simplement commencer par le plus positif. Comme à chaque fois qu'il parlait de sa jument, sa voix s'animait soudain d'un mélange entre nostalgie et bonheur, elle était et resterait le souffle d'air frais dans sa vie. A ses côtés, il évitait de fumer et elle était la seule auprès il exprimait des sentiments :
- La jument évolue bien, elle a repris du poids, sa jambe va mieux. On travaille à la loge pour l'instant mais elle a du mal à comprendre pourquoi elle doit faire autre chose que de galoper.

Il la vit lui retirer ses mitaines. Il avait l'impression qu'il lui manquait quelques choses quand ce tissu renforcé quittait ses doigts. Il frissonna et lui spécifia :
- Tu sais la plupart de ces cicatrices datent de ma jeunesse, elles se sont simplement rouvertes avec le temps.

Depuis combien de temps n'avait-il pas parlé comme ça ? Il tourna la tête et lu dans les yeux de la brune, qu'elle attendait des réponses. Il répondit d'un air presque désinvolte :
- J'en sais rien comment j'ai fait pour me retrouver à ce stade. Avec ce genre de truc tout va trop vite, on pense être plus fort mais au fond c'est toujours plus fort que soi.

Il se plongea dans le silence, prenant un temps pour retrouver ses esprits face à tout ce qu'il venait de dire, fermant un instant les yeux avant de les rouvrir et de replacer les mitaines sur ses mains qui lui rappelait son lourd passé.

Elle lui dévoila encore un peu plus d'elle. En quelques phrases, elle lui fit prendre la notion du temps. 4 mois ... 4 mois qu'il devait ressembler au zombie qu'il était. Il entendait chacun de ses mots et il lui répondit simplement :
- Ne redis jamais devant moi, que tu es minable.

Le ton était presque dur, il était complétement perdu, tout s'embrouillait dans sa tête. Le retour soudain d'Heather, la mise au point sur la place que cette petite brune prenait concrètement dans sa vie et quel serait ou avait été son rôle. Quand il émergea enfin, il vit qu'elle s'était détaché de lui et qu'elle s'était éloignée. Il aurait voulu la retenir mais il n'avait plus rien à lui dire, il avait besoin de remettre ses idées au clair. Il la laissa partir la suivant du regard avant de se redresser et de se diriger vers un punching ball qu'il se mit à frapper sans relâche, laissant passer encore les ressentiments qui n'avaient pourtant aucune raison d'être. Il se sentit soudain très mal, extrêmement mal. Il divagua complètement, se dirigeant vers sa chambre. Il sortirai, il irait arpenter les rues une nouvelle fois. Il oublierait son prénom. Encore une fois .. Juste une dernière fois ... Et cette fois ci il en donnait sa parole. Si il avait une parole.